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Compagnon dans la recherche, dans la découverte, dans la solidarité, compagnon de longue date, témoin de premier plan, créateur d’œuvres indiquant le chemin, tel était Henri Pousseur.
Il était un des premiers camarades avec lequel je me sentais en phase – à l’époque ils étaient plutôt rares dans un milieu généralement hostile, plus qu’indifférent. Mais peu importait ! Nous avions des convictions tout à fait solides : le doute viendrait plus tard, s’il devait même venir. Henri Pousseur, quant à lui, était probablement le plus obstinément utopiste de toute la bande – Darmstadt, épisodiquement. Il voulait arriver à définir les bases d’un langage pouvant assumer l’histoire du langage musical d’Occident. Mais, ne se contentant pas d’un travail théorique très approfondi, il produisait des œuvres capables de mettre en action cette utopie réaliste, si l’on peut dire.
Je rends hommage à l’honnêteté et à la rigueur de sa démarche qui l’a entraîné loin des chemins battus, sans toutefois se retourner nostalgiquement vers un âge d’or sublimé. Non ! Il appartenait bien à cette époque, la marquant à la fois de son originalité et de la profondeur de ses vues.
Pierre Boulez
Paris, avril 2009
Avec l'amaible autorisation des éditions Suivini Zerboni